« Beaucoup de malhonnêtetés naissent quand on massacre la langue, qu’on met le sujet à l’accusatif et le complément d’objet au nominatif, brouillant ainsi les cartes, intervertissant les rôles des victimes et des bourreaux, abolissant les distinctions et les hiérarchies en de crapuleuses orgies de concepts et de sentiments qui altèrent la vérité. »

Claudio Magris, "Utopie et désenchantement"

Brouillage des cartes : le gouvernement Macron use et abuse du procédé...
J.M. Blanquer n’hésite pas à parler d’une loi « pour l’École de la confiance » dont l’article 1 vise à faire taire toute contestation - au mépris de l’article 6 de la loi du 13 juillet 1983 qui précise que « La liberté d’opinion est garantie aux fonctionnaires. » Et les raisons de nous faire taire ne manquent pas dans cette loi : obligation pour les communes de financer les écoles maternelles privées, inscription dans le marbre d’une École à deux vitesses avec les sections internationales co-financées par le privé pour les riches d’un côté et les écoles des savoirs fondamentaux pour les pauvres de l’autre, issues de la fusion d’écoles primaires et de collèges, etc. Non content de sa novlangue managériale, Blanquer va jusqu’à qualifier de « bobards » les critiques émises contre sa réforme. Il a sans doute manqué de « pédagogie », nous ne l’avons pas bien compris...

Les mauvais esprits diront qu’il suffit de remplacer un mot par son contraire pour dévoiler les arrière-pensées du gouvernement. Petit exercice pratique avec O. Dussopt, lors de la présentation de son « projet de loi de transformation de la fonction publique » (il ne faut plus dire « réforme » parce que ça énerve tout le monde). Il a fixé cinq objectifs :
1 « Promouvoir un dialogue social plus efficace ». Comprendre : supprimer toutes les instances paritaires.
2 « Développer de nouveaux leviers managériaux ». Comprendre : augmenter le nombre de contractuels, l’autonomie des chefs d’établissement, la RH de proximité , l’arbitraire.
3 « Simplifier et garantir la transparence et l’équité du cadre de gestion des agents publics ». Comprendre : introduire l’avancement au mérite et donc à la tête du client.
4 « Favoriser la mobilité et accompagner les transitions professionnelles des agents publics ». Comprendre : pousser vers la porte un maximum d’agents, introduire la rupture conventionnelle dans la fonction publique.
5 « Renforcer l’égalité professionnelle dans la fonction publique, en premier lieu l’égalité entre les femmes et les hommes en application de l’accord majoritaire du 30 octobre 2018 ». Comprendre : rien ne sera fait en ce sens , voire une réforme des retraites encore plus désavantageuse pour les femmes est en préparation.

Les fondements de nos statuts sont remis en cause par ce projet. Mobilisons-nous tant qu’il en est temps :
MANIFESTATIONS LE 1ER MAI
GRÈVE INTERSYNDICALE FONCTION PUBLIQUE LE 09 MAI