Tel que le ministre de l’Education nationale et la secrétaire d’Etat à la jeunesse et au SNU l’ont présenté ce jeudi 15 juin, le nouveau dispositif supposé généraliser le SNU, concerne les classes de seconde générale, technologique et professionnelle, et de 1° année de CAP . Sur proposition d’enseignants ou d’équipes pédagogiques, ces classes s’engageront sur une année scolaire dans un projet global intégrant le séjour de cohésion de 12 jours organisé dans les mêmes conditions qu’un voyage scolaire à partir de mars 2024, en lieu et place des enseignements inscrits à l’emploi du temps. Les projets devront être remontés avant l’automne. Les centres de séjour de SNU auront vocation à devenir permanents.

Comme toute expérimentation modifiant le temps scolaire, ces projets sont obligatoirement soumis au vote du conseil d’administration. Le SNES-FSU appelle dès maintenant les équipes pédagogiques à refuser la mise en place de ce dispositif et à voter contre.

Note de service et foire aux questions

Ce 23 juin est parue la note de service portant sur la labellisation « classe engagée » et « lycée engagé ». Les modalités de ce dispositif sont aussi décrites avec davantage de détails dans un guide de la labellisation des classes et des lycées et une foire aux questions. Cela peut aussi intégrer les dispositifs déjà existants comme la classe de défense et de sécurité globale.

Dans ce schéma, les séjours de cohésion ne sont pas obligatoires mais il n’y a, à ce jour aucune précision sur le devenir des élèves qui refuseraient ou ne pourraient y participer. Pire, alors que la secrétaire d’Etat à la jeunesse assure que le dispositif sera ouvert sans condition de nationalité, il n’y a pour l’instant aucun texte réglementaire, ni même de projet de texte , qui permette l’abandon de la clause de nationalité. Doit-on rappeler au ministère que le séjour de cohésion inclut actuellement la journée Défense et citoyenneté, qui, par définition, ne s’adresse qu’aux jeunes de nationalité française? En effet, le SNU a été créé par décret le 29 juillet 2020 qui modifie le code du service national. Les publications ministérielles sur la mise en place du séjour de SNU sur le temps scolaire, semblent pour l’instant oublier ce « détail ».

On retrouvera ICI le détail des errances d’un ministère qui tente de répondre à une commande présidentielle tout en mettant en péril la formation des jeunes, voire leur sécurité et leur santé , dans des séjours bricolés, avec des encadrants peu ou mal formés. Y-a-t-il eu un bilan sincère des expérimentations actuelles du SNU, à part les envolées nationalistes de la secrétaires d’Etat et les auto-satisfecit d’une administration déconnectée du réel ? Evidemment non.

Il n’aura donc pas suffi à ce gouvernement de désorganiser le cycle terminal du lycée, il faut qu’il s’attaque à la classe de Seconde. Le calendrier du Bac, avec les épreuves de spécialité, a déjà vidé le lycée de ses élèves de Terminale au troisième trimestre. Le ministère considère visiblement que les élèves de Seconde peuvent aussi se dispenser des cours dès le mois de mars.

Du SNU dans le pacte

En lien avec les innovations pédagogiques promues par les déclinaisons locales du Conseil national de la Refondation, la « classe engagée » pourra s’inscrire dans une démarche pédagogiquement innovante et s’intégrer au Pacte enseignant. « Dans chaque établissement, il y aura un référent SNU rémunéré dans le cadre du futur «pacte». Nous prévoyons également une aide financière pour les lycées engagés » a d’ailleurs déclaré Sarah El Haïry (Figaro, 15 juin 2023)

Du SNU dans Parcoursup

« Il y a une piste qui a ma préférence, mais qui est loin d’être stabilisée. Il s’agirait, en cochant une case SNU, d’obtenir des points bonus intégrés dans le calcul algorithmique de Parcoursup » a-t-elle poursuivi. Voilà comment la secrétaire d’Etat veut donc punir les récalcitrants et les élèves des enseignants qui ne s’inscriraient pas dans le projet !

Au passage, Envisager le bouleversement des classements des candidatures dans Parcoursup par la simple mention du SNU, confirme le rôle que le pouvoir confère au principe de la sélection généralisée vers l’enseignement supérieur. Il ne s’agit même plus de permettre aux formations supérieures de faire valoir des critères de « capacités à réussir » en fonction des attendus fixés par chaque formation, comme l’ont martelé les promoteurs de la loi orientation et réussite des étudiants (loi ORE), mais de promouvoir la conformité sociale et l’obéissance à l’ordre établi.

Condamnation unanime

La très grande majorité des organisations syndicales condamnent clairement le principe d’un séjours de cohésion sur le temps scolaire, avec des revendications allant du moratoire à la suppression pure et simple du SNU.  Deux collectifs, « Non au SNU » et « Jeunesse, citoyenneté, émancipation » se sont d’ailleurs unis pour signer un appel à l’abandon du dispositif.

Le Conseil supérieur de l’Education, ce jeudi 15 juin, a émis le voeux unanime de voir abandonner la généralisation du SNU et son déploiement sur le temps scolaire.

Le SNES-FSU, avec la FSU, continue de demander la suppression du dispositif actuel comme à venir. Plus généralement, il s’inquiète de voir l’institution faire la promotion, sous couvert d’innovation, d’une forme de militarisation de l’école au travers de la multiplication des dispositifs du type des classes de défense et de sécurité globale. Ces dernières concerneraient aujourd’hui près de 700 classes et sont affichées comme la priorité du plan « Ambition armée-jeunesse 2022 ».

Tout cela interroge sur le projet éducatif d’un gouvernement qui semble voir dans les ressorts de l’armée, le salut de l’Education nationale toute entière.

On retrouvera toutes les analyses du SNES-FSU dans le dossier ci-dessous.

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