Il était né le 6 février 1940 à Sétif, en Algérie. Sa famille paternelle, issue de petits paysans de la Drôme, était établie en Algérie depuis le milieu du XIXe siècle. Son père était receveur des Postes ; membre du Parti communiste, militant pour l’indépendance de l’Algérie, il avait été sanctionné pour ses prises de position politiques, rétrogradé et envoyé un temps dans le Sud algérien. En 1948 il obtint une mutation pour la métropole d’abord à Metz puis dans le Puy de Dôme.
Étudiant engagé
Après être rentré en métropole avec sa famille, Yves obtint son baccalauréat à Clermont-Ferrand en 1958 et y poursuivit des études universitaires en sciences physiques. Militant de l’UNEF, vice-président de l’Association Générale des Étudiants Clermontois de 1959 à 1962, il participa activement aux luttes pour la paix et l’indépendance de l’Algérie. C’est durant cette période qu’il rencontra sa future épouse, Colette, elle aussi étudiante en sciences physiques, et militante ; ils se marièrent civilement en 1961. Ils se définissaient comme comme laïcs et libres penseurs. Le couple milita à l’association familiale des étudiants mariés de Clermont-Ferrand qu’Yves présida de 1962 à 1966. Pendant leurs études, ils furent l’un et l’autre surveillant et surveillante. Yves devint maître-auxiliaire avant de passer le CAPES.
Coopérant au Maroc
Reçu au CAPES, Yves dut, à l’issue de l’année de stage effectuée au CPR de Clermont-Ferrand, satisfaire à ses obligations militaires alors même qu’il était père de deux enfants ; pour accomplir son service militaire en coopération, il choisit de partir au Maroc accompagné de sa famille. Il enseigna les sciences physiques au lycée agricole de Fkhi Ben Salah de 1966 à 1968. Il opta ensuite pour un détachement auprès du ministère des affaires étrangères et enseigna pendant cinq ans au lycée Ibn Khaldoun d’El Jadida ; Colette obtint un contrat de coopérante et enseigna les mathématiques . Yves fut responsable de l’Association professionnelle des enseignants du secondaire de son établissement.
Syndicaliste
De retour en France en 1973, ils furent nommés l’un et l’autre au collège Lumière de Besançon ; en 1975 Yves fut muté au lycée Jules Haag où il enseigna jusqu’en 1998. Dès son retour il avait pris contact avec la section académique du SNES et se vit immédiatement confier des responsabilités d’abord comme Secrétaire académique adjoint et trésorier du SNES de Besançon (1975-1977).
En 1977 il fut élu Secrétaire académique et membre de la CA nationale ; pendant son mandat il fut poursuivi avec six autres responsables syndicaux, au nom de la loi anti-casseur à la suite de l’occupation du rectorat de Besançon, en septembre 1979, lors d’une manifestation pour le réemploi des maîtres auxiliaires. Les magistrats prononcèrent la relaxe au motif ‘’que les accusés étaient dans leur rôle car ils défendaient les plus faibles ‘’.
Yves quitta ses responsabilités académiques pour devenir secrétaire départemental de la Fédération de l’Éducation Nationale entre 1981 et 1983, date à laquelle il devint membre du CESR de Franche-Comté. Il occupait l’un des deux mandats régionaux dévolus à la FEN et il fut donc obligé de céder son siège après l’exclusion du SNES de la fédération en 1993.
Dès lors il participa au renouveau du syndicalisme enseignant : étant l’un des fondateurs de la FSU dans l’académie, il en devint le premier coordinateur régional. C’est aussi au titre de représentant de la FSU qu’Yves intégra la SRIAS (Section Régionale Interministérielle d’Action Sociale) qu’il présida de 1998 à 2013 à la demande de l’ensemble des fédérations de fonctionnaires.
Militant associatif
Mais Yves n’a jamais limité son engagement militant au syndicalisme enseignant et dès l’époque de sa vie d’étudiant, il a élargi ses engagements : militant et responsable local de la FCPE, il fut également membre entre 1998 et 23011 de la commission administrative nationale du CNAFAL (Conseil national des associations des familles laïques) et membre du conseil d’administration de l’UDAF du Doubs de 1998 à 2011. Il est resté jusqu’à la fin de sa vie membre du bureau de la FRATE, association d’aide à l’intégration des travailleurs étrangers par la maîtrise du français, association à laquelle il avait adhéré dès son retour en France.
Élu local
Après avoir emménagé à Deluz, à une vingtaine de kilomètres de Besançon , en 1975, Yves y donne la pleine mesure de son engagement : d’abord conseiller municipal (1983-1989), puis Maire adjoint (1989-1995). Il fut élu Maire en 1995 et accomplit deux mandats successifs. En qualité d’élu local, il assuma la Présidence du syndicat scolaire intercommunal du collège de Roulans et la Vice-présidence de la communauté urbaine du grand Besançon (CAGB), chargé du tourisme. En tant que maire, il mena à bien un projet qui lui tenait à cœur la transformation des ruines de l’ancienne papeterie de Deluz en port pour le tourisme fluvial.
Il ne sollicita pas le renouvellement de son mandat de maire en 2008, souhaitant se consacrer à sa retraite et à ses petits-enfants.
Yves avait surmonté de nombreuses difficultés de santé ; il semblait indestructible.
Jean-Pierre Billot
